Non, la chaussure de sécurité S3 n’est pas étanche ou imperméable !

personne avec des gants bleus et des éprouvettes dans les mains remplies de billes bleues

On peut souvent lire dans les descriptifs produit des chaussures de sécurité S3 « chaussure de sécurité étanche » ou « chaussure de sécurité imperméable ». Or c’est un abus de langage, un raccourci qui peut en définitive décevoir le travailleur qui pensait flotter dans l’eau avec ses superbes chaussures de sécurité S3.

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Chaussure de sécurité S3, rappel de la norme

La commercialisation des chaussures de sécurité avec embout est encadrée par la norme européenne EN ISO 20345.

Le terme « S3 » est en fait un conglomérat de plusieurs exigences normatives mentionnées ci-dessous :

+ Exigences fondamentales (SB) à savoir :

  • Résistance de l’embout au choc (200 joules)
  • Résistance de l’embout à l’écrasement (1500daN)
  • Exigences de résistance, de qualité, d’ergonomie et de confort

+ Arrière de la chaussure fermé

+ Antistatisme (A)

+ Absorption d’Energie du talon (E)

+ Résistance aux hydrocarbures (FO)

+ Résistance à la perforation (P)

+ Semelle de marche à crampons

+ Résistance à la pénétration et absorption de l’eau (WRU)

Chaussure de sécurité noire basse homme et femme S3 WR HRO polyvalente, en extérieur marchant dans une flaque d'eau

C’est ce dernier point qui nous intéresse. Pour être normée « S3 », la chaussure de sécurité doit obtenir d’exigence additionnelle WRU. On parle donc de « résistance » partielle à la pénétration de l’eau et non d’étanchéité ou d’imperméabilité. Ces deux derniers termes signifient que l’eau ne passe absolument pas dans la chaussure peu importe le temps d’immersion.

personne avec des gants bleus et des éprouvettes dans les mains remplies de billes bleues

Le test du WRU est le suivant :

Pour réaliser le test du WRU on prélève un échantillon des matériaux composant la tige (toile, cuir, microfibre, etc) et on l’immerge partiellement pendant une durée de 60 minutes.

Une fois le test terminé il faut vérifier l’augmentation de masse du tissu éponge qui ne doit pas être supérieure à 0,2 g et l’absorption d’eau ne doit pas être supérieure à 30 %.

La résistance à la pénétration de l’eau de l’exigence WRU n’est donc pas absolue. Premièrement l’échantillon est immergé partiellement, deuxièmement il y a une limite de temps et troisièmement la présence d’eau dans le matériau est tolérée mais jusqu’à une certaine limite.

Le test du WR :

Une autre façon d’obtenir le marquage S3, c’est d’obtenir l’exigence additionnelle WR. Le test du WR s’effectue quant à lui non pas sur une éprouvette de matière mais sur la chaussure entière. Il y a deux tests différents qui permettent d’obtenir le marquage :

  • En effectuant 100 longueurs dans un bac de plusieurs mètres de long (1 longueur équivalente à 10 pas), avec une hauteur d’eau de (30 ± 3) mm.
  • En immersion durant 80 minutes dans un bac d’eau avec la chaussure/botte montée sur une forme dynamique qui simule la flexion de la démarche. Le niveau d’eau étant fixé 20mm au niveau de la ligne de carre.

Dans les deux cas la surface totale de pénétration de l’eau dans la chaussure ne doit pas excéder 3 cm2. Encore une fois, on donne une limite à la pénétration de l’eau mais l’étanchéité ne doit pas être absolue pour valider le test.

Bien souvent on fait normer WR les chaussures de sécurité qui possèdent une membrane imper-respirante.

Une membrane imper-respirante est un film plastique très fin « micro-coupé » de telle sorte que l’air puisse circuler mais pas l’eau. Encore une fois la membrane ralentit la pénétration de l’eau et ce n’est pas une étanchéité absolue.

Il y a deux raisons d’utiliser une membrane :

  • Les matériaux de la tige ne sont pas hydrofuges (textile ajouré, microfibre ou cuir suédé) et l’on veut tout de même offrir une bonne résistance à l’eau au travailleur.
  • Les matériaux de la tige sont déjà hydrofuges (WRU) et on veut offrir au travailleur une protection supplémentaire face à l’eau. C’est notamment le cas pour certaines chaussures de sécurité destinées aux travaux très humides et salissants.
schéma de trois couches de matières avec des flèches colorées

Ainsi que l’on ait une chaussure de sécurité normée WRU, WR ou WRU + WR, on obtient une chaussure qui résiste à la pénétration de l’eau mais en aucun cas une chaussure totalement étanche ou imperméable. Si vous êtes dans des milieux très humides la première étape peut donc être de tester une chaussure normée WRU et WR en même temps. Mais attention un trop plein d’humidité ne va pas seulement avoir pour conséquence de vous mouiller les pieds. L’humidité à outrance abime également les chaussures en cuir de façon prématurée.

Mon environnement est trop humide, comment faire ?

Si votre chaussure de sécurité normée WRU + WR ne suffit pas, il va donc falloir vous orienter vers des chaussures ou bottes conçues en matériaux polymère.

troncs d'arbres coupés et empilés dans une forêt avec de la brume

La Chaussure de sécurité étanche ou chaussure de sécurité imperméable existe mais elle est normée S4 ou S5

Ces chaussures ou bottes reprennent les même tests normatifs que les chaussures S2 ou S3 mais elles sont en matière plastique. On parle donc de chaussures ou bottes normées S4 ou S5.

La différence entre S4 et S5 c’est simplement que la S5 possède une semelle anti-perforation.

En fait, S4 serait l’équivalent du S2 mais en plastique et S5 l’équivalent du S3.

Les chaussures ou bottes en plastique sont certes relativement moins confortables que des chaussures de sécurité traditionnelles du fait qu’elles soient moins respirantes mais elles vous offriront une étanchéité parfaite pour les milieux très humide et salissant.

Pour résumer, si vous voyez marqué « chaussure de sécurité étanche » ou « chaussure de sécurité  imperméable » sur une chaussure de sécurité S2 ou S3, c’est faux. La conception de la chaussure ralentit la pénétration de l’eau mais ne la stoppe pas complétement.

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