Longueur, largeur, grosseur au doigt, … Tous ces éléments participent à définir le chaussant d’une chaussure. On pourrait qualifier le chaussant comme la place réservée au pied dans la chaussure. Il est ainsi courant de lire “chaussant large”, “chaussant serré”. Voyons ensemble ce qui se cache derrière ces termes.
La forme est la base du chaussant
Si l’on parle par exemple de la longueur ou la largeur du chaussant, cela correspond en fait à la longueur et la largeur de la forme utilisée pour fabriquer la chaussure.
Que ce soit une chaussure classique ou une chaussure utilisée pour le travail, dans les deux cas, elles sont fabriquées autour d’une forme. Cette forme correspond au volume réservé au pied dans la chaussure.
Lorsque l’on parle de longueur et largeur, il est important de comprendre qu’il ne s’agit pas des mesures du pied, mais de la forme. La forme tient compte de l’espace nécessaire au pied dans la chaussure pour qu’il soit à l’aise et ne subisse aucune contrainte, tout en étant assez maintenu.
Le CTC (Centre Technique du Cuir) estime que la longueur du pied peut être obtenu en retirant 5% à la longueur de la forme. Par exemple une forme qui mesure 280mm de longueur serait en théorie adaptée pour un pied mesurant 266mm de long (280-5%=266).
La forme des chaussures est à la base construite selon des mesures moyennes de pied. Elle tient également compte :
- du système de serrage ou de fermeture de la chaussure (lacet, élastique, etc) ;
- de la typologie de semelle (semelle basket plate, escarpin, semelle souple pour le sport, etc) qui sera utilisée pour fabriquer la gamme de chaussures. En effet, la nature de la semelle donne un drop différent à la forme.
- de la typologie de chaussures et de l’usage qui en sera fait. Par exemple les chaussures de sécurité conçues pour les travaux extérieurs et le BTP ont généralement un chaussant large car les personnes travaillant dans ces secteurs d’activité apprécient d’avoir de l’espace dans les chaussures notamment pour y mettre des chaussettes plus épaisses l’hiver. A contrario une chaussure de sport conçue dans des matériaux souples et malléables, sera développée autour d’une forme offrant un chaussant plutôt serré. Ceci dans la but de maximiser le maintien.
Longueur, largeur, périmètre, les différentes données du chaussant
La longueur de la planche de forme
La longueur du chaussant est la donnée la plus simple à comprendre. On mesure la longueur de la forme qui sera utilisée pour la fabrication de la chaussure par le dessous. Le dessous de la forme est également appelé “planche de forme”. Cela correspond à l’endroit où repose le pied.
Les formes ont une tranche assez franche sur le tour de la planche de forme. C’est ce que l’on appelle communément le “quart de forme”. C’est sur cette tranche que la mesure doit être prise.
NOTE : Il faut savoir que plus d’un français sur trois a une demi pointure d’écart entre ses deux pieds en termes de longueur.
La largeur de la planche de forme
La largeur de la planche de forme respecte le même principe que la longueur pour ce qui est des prises de mesures. La largeur se mesure sur la zone la plus large des flancs de la forme.
En terme d’anatomie, les francs correspondent à l’endroit où les 5 têtes métatarsiennes du pied vont s’appuyer au sol.
Cette prise de mesure n’est pas la plus révélatrice en termes de chaussant mais elle donne déjà une indication sur la place réservée aux flancs, et donc à la sensation d’être serré ou non.
Définition de la largueur globale du chaussant
Dans la méthode de calcul française, on définit une largeur par un nombre (6eme, 7eme, 8eme, etc). Cette largeur correspond au “périmètre” ou “grosseur au doigt” de la forme. La grosseur au doigt est un peu plus complexe à mesurer que la largeur de la planche de forme car on mesure ici un volume qui peut varier rapidement suivant l’emplacement du mètre ruban.
Dans les standards, le périmètre (ou grosseur au doigt) correspond à :
la pointure (ex : 42) additionnée à la largeur que l’on souhaite obtenir (ex : 7eme largeur), le tout divisé par deux.
ex : (42+7eme=49cm) / 2 = 24,5cm
Pour une forme de pointure 42 avec une largeur définie en 7eme, le périmètre devrait être de 24,5cm (ou 245mm).
Une 7eme largeur correspond à la moyenne pour les hommes français. Pour les femmes françaises, la moyenne serait plutôt en 5eme largeur.
Entre chaque largeur, le périmètre progresse habituellement de 5mm. C’est à dire qu’un 42 qui a un périmètre de 245mm en 7eme largeur, aura un périmètre de 240mm en 6eme largeur. A pointure égale, la personne aura donc la sensation d’être plus confinée dans le chaussant en 6eme largeur.
NOTE 1 : Dans la chaussure de sécurité, on entend souvent parler de “embout largeur 10”, “embout largeur 11”.
Tout d’abord il est bon de rappeler que lorsque l’on parle d’une largeur, on parle du périmètre de la forme (comme énoncé ci-dessus) et non de la largeur de l’embout (bien qu’il y ait forcément une corrélation entre les deux).
Ensuite il est bon de préciser que les fabricants d’embout apposent sur leurs embouts des numéros. Le numéro d’un embout définit la taille de l’embout (idem S, M, L, XL). Ainsi pour des pointures 40 et 41 on va utiliser un embout de taille 8, et pour les pointures 42 et 43 un embout de taille 9. En disant qu’un embout a une largeur de 11, on peut semer la confusion dans l’esprit du consommateur.
Il faudrait plutôt dire : la forme a une largeur de 11, peu importe la pointure. Et l’embout a différents numéros, différentes tailles qui progressent en même temps que les pointures.
NOTE 2 : Par rapport aux standards énoncés avant, il est vrai qu’un chaussant 10eme ou 11eme largeur peut paraitre important. Pourtant il est courant d’en trouver dans la chaussure de sécurité.
Ceci est principalement dû à la présence de l’embout à l’avant de la chaussure de sécurité qui oblige les fabricants à grossir la zone des flancs. Ceci est une façon de conserver une continuité entre la zone de l’embout et la zone des flancs. Il faut aussi relever que la moyenne de 7eme largeur pour les hommes correspond plutôt au standard d’une chaussure de ville qui est de nature très confinée.
Les différentes méthodes de calcul de progression des pointures
Lorsque l’on crée un modèle de chaussure, on définit donc un chaussant avec une forme qui est façonnée dans une pointure de base :
- le 42 est souvent la pointure de référence pour les hommes ;
- le 38 est considéré comme la pointure de base pour les femmes.
Une fois que la forme est validée dans la pointure de base, on fait “progresser” la forme dans les autres pointures.
Les progressions en termes de longueur et largeur au niveau des différentes pointures peuvent se baser sur deux standards de progression différents.
Le Point de Paris
Le point de Paris est considéré comme le système de mesure de référence pour les pays européens. Il progresse de 6,667mm d’une pointure à une autre en termes de longueur et de 3,33mm en termes de largeur (de la planche de forme). Aussi d’une pointure à l’autre, le périmètre (grosseur au doigt) progresse de 5mm. Le système de pointures du point de Paris est celui que l’on connait en France (…, 38, 39, 40, 41, 42, 43, 44, …). Pour trouver la longueur de la forme, il suffit donc de multiplier 42 par 6,66mm. On trouve ainsi 280mm.
Ainsi selon la méthode de calcul des points de Paris, le volume chaussant créé à partir d’une forme 43 sera plus long de 6,667mm et plus large de 3,33mm par rapport au volume chaussant de la même forme en pointure 42.
Voici l’exemple d’un tableau de progression :
Le Point Anglais
Le point Anglais progresse quant à lui de 8,46mm en longueur. 8,46mm représente 1/3 d’un pouce (25,4mm).
En ce qui concerne le périmètre, il progresse quant à lui de 6,35mm. Contrairement à la graduation du point de Paris qui est continue (les pointures enfants et adultes tiennent sur la même grille), le point anglais divise l’enfant et l’adulte en deux séries. L’enfant de la taille 0-13 et l’adulte de la taille 1-13 (voir tableau ci-dessous).